Résumés des présentations orales

Conférence de Françoise Barré-Sinoussi, PhD, Prix Nobel 2008, Présidente de SIDACTION

Titre : “VIH/Sida, les défis du 21ème siècle”

Résumé 

D’immenses progrès ont été réalisés dans le développement d'outils pour prévenir, dépister et traiter l'infection par le VIH. Cependant, nous n'avons toujours pas de vaccin et la thérapie antirétrovirale n’est pas curative. Cette thérapie à vie, qui s’explique par la persistance du VIH sous traitement dans de très nombreux compartiments du corps, est un véritable défi pour les patients et pour l'économie mondiale. Quelques preuves de concept et des avancées récentes dans notre compréhension de la persistance du VIH ont généré un grand optimisme quant à de nouvelles stratégies thérapeutiques pour guérir le VIH ou tout du moins pour induire une rémission durable en absence de tout traitement.

Les trois dernières décennies ont été marquées par une réponse pluridisciplinaire, intégrative, coordonnée et globale à cette épidémie émergente, représentée par le VIH/Sida. C’est un bel exemple à garder à l’esprit pour toute réponse contre d’autres menaces infectieuses émergentes ou ré-émergentes chez l’homme.

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Conférence d'Anaïs Chapel, PhD, Unité HIV, inflammation et persistance, Institut Pasteur 

Titre : "Vaccin anti-VIH, où en est la recherche ?"

Résumé : 

35 ans après le premier cas diagnostiqué, le virus du VIH responsable de l’épidémie du SIDA reste un problème de santé majeur avec environ 37 million de personnes infectées dans le monde et 1.8 million nouveaux cas d’infection en 2017. Les progrès de la recherche ont permis aux individus infectés d’avoir une espérance de vie normale grâce au développement de traitements antirétroviraux efficaces (ART) cependant il n’y a toujours pas de vaccin anti-VIH disponible malgré d’intenses efforts de recherche et le développement d'une trentaine de candidats vaccinaux contre le VIH. Quels sont les obstacles majeurs au développement d’un vaccin ? Quels vaccins ont déjà été testés et pourquoi ont-ils échoués ? Et enfin quelles sont les pistes les plus prometteuses ?

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Conférence de Benoit Delavault, Directeur du CAARUD - Sida Paroles, Colombes

Titre : Evolution et adaptation des stratégies de réduction des risques et des dommages liés aux usages de drogues

Résumé : 

Les messages pour lutter efficacement contre le VIH étaient simples, clairs et percutants (« Un shoot = une seringue »), il n’en est pas de même pour le VHC (à laquelle s’ajoutent de nombreuses possibilités de contamination indirecte lors du partage de matériel de préparation, lors du partage de drogues ou lors de l’entraide entre partenaires). La distribution massive de matériel est toujours un préalable indispensable, mais réduire les risques de transmission du VHC nécessite un apprentissage beaucoup plus fin et subtil. L’enquête Coquelicot 2011 souligne le fait que les kits d’injection disponibles ne permettent pas de réduire notablement l’exposition au risque VHC et que la France se maintient à niveau extrêmement haut concernant les prises de risque vis-à-vis du virus malgré un dépistage élevé du VHC (90% des usagers de drogues avaient déjà été dépistés au moins une fois pour le VHC).

C’est un nouveau transfert de savoirs par lesquels il ne s’agit pas seulement d’apprendre mais surtout de comprendre pour se réapproprier ces nouveaux savoirs et pouvoir les appliquer à ses propres pratiques.

Les usagers n’ont que peu de sources d’information fiables et validées. Ils expérimentent, partagent leur vécu avec d’autres usagers, se forgent leurs propres opinions : c’est un savoir empirique composé parfois de mythes. Les intervenants y font face, tentent des démonstrations, avancent des éléments en faveur de pratiques à moindre risque et cela, dans un contexte où le Sida demeure l’adversaire le plus redouté.

Il s’agit d’inventer et d’expérimenter de nouveaux outils et stratégies de soins et d’éducation pour la santé. Réduire les risques implique une bonne connaissance des pratiques de l’Autre. Et ce n’est qu’avec lui que nous pourrons construire ensemble de nouvelles stratégies. Se situer au « cœur » des pratiques de consommation permet de mieux prendre en compte la réalité des usages, des contextes de vie des personnes.

Notre association se retrouve continuellement confrontée à des demandes d’accompagnement à l’injection de la part des usagers sur l’unité mobile ou sur les lieux de vie. Face à ces usagers, l’intervenant se retrouve dans une position délicate. Comment gérer ces demandes ? Quelle position adopter ? A contrario, des injections ont parfois lieu dans les murs de la boutique contrairement aux règles définies par les structures. Ces pratiques d’injection cachées se tiennent souvent dans les toilettes, un espace qui est loin d’être adapté à de telles pratiques. Ces dernières sont souvent réfutées par les usagers eux-mêmes et les discussions à leurs propos restent difficiles.

Il s’agit d’utiliser différentes techniques pédagogiques dans une approche graduelle : de la transmission de savoirs purs équivalents à des cours théoriques, à une mise en pratique de ces savoirs, ce que l’on pourrait comparer à des travaux pratiques. Si un premier niveau d’implication se montre insuffisant, il s’agit d’approfondir l’étude des pratiques avec une application encore plus concrète. Nous étudions ensemble, usagers et intervenants, les pratiques pour relever les points problématiques, reprendre et corriger l’usager avec une explication appropriée. Le travail d’éducation a lieu lors d’entretiens individuels qui permettent de s’attacher à une personne, son fonctionnement, ses pratiques, ses rituels et représentations propres.

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Conférence d'Olivier Lambotte, PU-PH, Hôpital du Kremlin Bicêtre - INSERM UMR8114

Titre : « HIV CURE et cancer CURE : convergence et divergence. »

Résumé :

En 2019, les approches pour atteindre une rémission voire une guérison dans le champ de l’infection par le VIH et dans le champ du cancer partagent toute une série de questions communes.

Beaucoup de choses sont à apprendre de chacun de ces deux champs et une discussion inter disciplinaire entre l’oncologie et l’infectiologie est engagée au sein de l’agence de recherches pour le SIDA. Je présenterai les parallèles entre ces deux grands domaines de la Médecine.

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Conférence d'Anne-Geneviève Marcelin, PU-PH, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris

Titre :"Nouvelles stratégies thérapeutiques du VIH"

Résumé :

Vivre avec le VIH aujourd'hui, c'est devoir prendre un traitement à vie. Une condition qui pourrait être allégée par des stratégies thérapeutiques visant à réduire la contrainte et le poids des médicaments au long cours sur l'organisme, tout en maintenant une charge virale indétectable, indispensable pour empêcher la maladie de progresser et réduire les risques de transmission aux partenaires.

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Conférence d'Olivier Mauffret et Philippe Fossé. LBPA, ENS-Paris-Saclay. 

Titre : "Protéine de nucléocapside et transferts de brin chez le VIH-1 "

 Résumé :

Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), comme tous les autres rétrovirus, est une particule ultramicroscopique qui est constituée d'un assemblage organisé de protéines, d'acides ribonucléiques (ARN) et de lipides. Parmi ces ARN, l'ARN génomique contient l'information génétique permettant au rétrovirus de se développer et de se reproduire dans l'organisme qu'il infecte. Le virus possède une enzyme, le réverse transcriptase, qui joue un rôle crucial dans sa réplication; elle est responsable de la conversion du génome viral (ARN) en acide désoxyribonucléique (ADN) plus stable, ou provirus, qui permet au virus de persister et de se répliquer dans la cellule infectée. Durant les premières étapes de la transcription inverse, une hybridation ADN-ARN se produit lors du processus appelé premier transfert de brin. Celui-ci nécessite l'action de la protéine de nucléocapside, une autre protéine virale. L'objectif de l'équipe est de caractériser à l'échelle moléculaire les mécanismes qui sont responsables de ce premier transfert de brin. Des mécanismes similaires sont impliqués dans les transferts de brin interne qui sont responsables de la recombinaison rétrovirale. La recombinaison est indispensable pour l'efficacité du virus car elle permet à celui-ci d'acquérir une résistance aux antirétroviraux. La connaissance détaillée de ces mécanismes de transfert de brin, permettra de mieux comprendre les modes de reproduction et de recombinaison du VIH et d'identifier de nouvelles cibles pharmacologiques. Ces informations sont indispensables à la mise au point de nouveaux médicaments anti-VIH qui limitent l'émergence de virus résistants aux traitements thérapeutiques.

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Conférence de Clémence Richetta / Olivier Delelis. LBPA, ENS-Paris-Saclay. 

Titre: "Mécanismes de résistance développés par le VIH pour échapper au Dolutégravir, un inhibiteur de l’intégrase"

Résumé:  

L’objectif principal d’un traitement antirétroviral est de bloquer simultanément plusieurs étapes du cycle du VIH afin de stopper la réplication virale au sein de la cellule infectée et de réduire le risque de transmission du virus. Parmi les différentes étapes du cycle viral, l’intégration de l’ADN viral au niveau de l’ADN chromosomique cellulaire est essentielle puisqu’elle assure la stabilité du génome viral ainsi que la production de particules virales infectieuses. Ainsi cette étape est une des cibles des traitements antirétroviraux. Bien que les inhibiteurs de l’intégrase (INI) du VIH-1 soient une classe prometteuse d’antirétroviraux, le traitement aux INI échoue chez certains patients infectés par le VIH, suite au développement de mécanismes de résistance par le virus. 

Les échecs virologiques chez des patients traités aux INI de première génération (raltégravir et elvitégravir) sont associés à la sélection de virus portant des mutations dans le gène de l’intégrase (IN). La barrière génétique de ces molécules est considérée comme relativement faible puisqu’une seule mutation peut entrainer une résistance. Contrairement à ces deux molécules, le dolutégravir (DTG), INI de deuxième génération, montre une barrière génétique plus élevée. Différentes études cliniques montrent que, chez les patients ayant échoué au traitement au DTG, les virus retrouvés n’ont pas développé de mutations au niveau du gène de l’intégrase suggérant qu’il existe peut-être une autre voie d’échappement indépendante de la voie habituelle. 

L’objectif de notre équipe est de caractériser les mécanismes moléculaires de résistance aux INI développés par le VIH afin de mieux comprendreles échecs chez les patients traités par ces inhibiteurs. Nos travaux ont permis la sélection d’un virus mutant totalement résistant au DTG mais ne présentant aucune mutation au niveau de l’intégrase. De manière surprenante, ce virus possède des mutations à un autre endroit du génome dans une région nommé le domaine 3’PPT (poly-purine tract). Ces mutations particulières permettraient au virus de se répliquer sans l’étape d’intégration de son ADN viral dans le génome cellulaire. En effet, nos données montrent une réplication virale à partir de l’ADN viral non intégré, principalement présent sous forme de cercles à 1-LTR. Ainsi, ces résultats permettent de proposer de nouveaux mécanismes expliquant pourquoi le traitement au DTG échoue chez certains patients sans que les virus ne présentent de mutations au niveau du gène de l’intégrase.              

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Conférence d'Olivier Schwartz, Directeur de Recherche, Unité Virus et Immunité. Institut Pasteur

Titre: « Le VIH et l’immunité de l’hôte : découvertes récentes et avancées thérapeutiques »

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Conférence de Bruno Spire, Directeur de Recherche, Responsable équipe SantéRCom. SESSTIM (Marseille)

Titre : "La prévention sexuelle du VIH : du tout-préservatif à la prévention diversifiée"

Résumé : 

Le virus du sida est majoritairement transmis par voie sexuelle à travers le monde. La prévention de la transmission a longtemps été basée sur l’utilisation systématique du préservatif pour chaque relation sexuelle. Si cette stratégie a démontré une certaine stabilisation de l’épidémie, elle est insuffisante pour obtenir son contrôle définitif. Les stratégies biomédicales préventives à base d’antirétroviraux représentent de nouveaux outils pour stopper à terme la propagation du virus. D’une part, le traitement universel de toutes les personnes dépistées VIH positives permet d’éviter la transmission du virus, d’autre part, les traitements prophylactiques pré-exposition permettent aux personnes les plus exposées d’éviter d’acquérir le VIH lors des relations sexuelles. Ces stratégies démontrées au travers de nombreuses recherches doivent aujourd’hui être mise à l’échelle afin de stopper la pandémie.

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Conférence de Virginie Supervie, Institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de Santé Publique UMR_S 1136 INSERM et UPMC

Titre: "Epidémiologie du VIH en France : Chiffres et défis à relever "

Résumé:

Dans cette présentation, il s'agira de dresser un portrait de l'infection à VIH en France, de montrer l'hétérogénéité de l'épidémie sur le territoire français, et d'identifier les défis qu'il reste à relever pour mettre fin à l'épidémie du VIH.

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